Juin 2014. Festival de Munich

J’y retrouve Kyle Catlett. Belle projection 3D malgré le système “RealD”. Je suis à côté du maire de Munich qui passe des textos pendant la projection. Je me demande ce qui se passerait si je faisais la même chose pendant un de ses discours… Wim Wenders toujours aussi adorable me félicite. Je suis content car il a tourné à Montréal après moi et a utilisé mes techniciens favoris que je lui avais recommandé. En passant sur l’Autoroute, visite éclair du sublime “Allianz Arena”.

TS fera un score honorable en Allemagne, qui est un pays qui me réussit.

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Quand Harvey Weinstein…

… signe TS Spivet pour les États-Unis, il a vu le film terminé. Gaumont a bien précisé qu’ayant le final cut, je ne changerai pas une image. Ce qui ne l’empêche pas de commencer son harcèlement moral afin de remonter le film à sa façon. Comme il fait systématiquement avec tous les films.

Il avait déjà essayé en 1991 avec Delicatessen. Un monteur anglais était venu chez moi avec tout un cahier de suggestions de coupes. Il enlevait la scène du lit qui grince, les suicides de Mme Interligator, bref toutes les séquences les plus drôles. Caro et moi avions écouté patiemment et suggéré une coupe en plus : “Vous enlevez nos noms du générique”. Le monteur était reparti en agitant le doigt : “Vous aurez des nouvelles d’Harvey Weinstein !” Dès lors, je m’attendais à retrouver un matin la tête de mon chien coupée dans mon lit… Finalement, n’ayant pas encore signé avec UGC, il sortira le film sans coupe et il deviendra malgré lui un film culte. Pareil pour Amélie 10 ans plus tard. Nous aurons 5 nominations aux Oscars. Pas de chance, c’est cette année que l’Académie, fatiguée des “abus” de Weinstein pour collecter les voix, décide de boycotter leurs films. “Nous ne voterons pas pour Amélie” titrent les magazines professionnels américains. Woopy Goldberg, présidente de la cérémonie, va passer toute la cérémonie à se foutre de la gueule de Weinstein. Résultat, sur 19 nominations, un seul Oscar.

Weinstein est comme un galeriste qui dirait au peintre : “Les Américains n’aiment pas le vert, je vais demander à l’encadreur de mettre du bleu”… Weinstein en fait une question de pouvoir. Comme un chien qui pisse sur son arbre, il DOIT remonter tous les films qu’il achète.

De plus, il a imposé à Gaumont ce qu’on appelle un “holdback”, ce qui signifie qu’aucun pays non francophone ne peut sortir le film avant lui. Spivet va donc rester bloqué pendant huit mois. Le holdback prenant fin en juin, certains pays comme l’Angleterre ou l’Espagne le sortent en pleine coupe du monde. Raté.

Nouveau projet

L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet (en Anglais The selected works of T.S. Spivet) est un livre magnifique de Reif Larsen dont je suis en train d’acheter les droits. Plutôt que de mal en parler, je vous invite à visiter le site extraordinaire de ce livre extraordinaire :

www.tsspivet.com

J’ai rencontré Reif Larsen il y a deux semaines à New York et ai eu l’impression de découvrir un frère jumeau juste vingt-huit ans plus jeune que moi. Il m’a dit : “Quand j’ai vu Amélie, j’ai eu l’impression que quelqu’un avait gratté au fond de mon crâne”… Quant à moi, j’ai été conquis dès la sixième ligne du livre :

Le téléphone a sonné un après-midi du mois d’août, alors que ma sœur Gracie et moi étions sur la véranda en train d’éplucher le maïs doux dont les grands seaux en fer-blanc. Les seaux étaient criblés de petites marques de cros qui dataient du printemps dernier, quand Merveilleux, notre chien de ranch, avait fait une dépression et s’était dit à manger du métal.

Ce film-là, si l’aventure va jusqu’au bout, sera un film tourné aux USA, avec des acteurs américains.
Ci-dessus couverture du livre et photo de Reif Larsen.